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Introduction aux écriture du XVIIème


Introduction aux écritures du XVIIème siècle

Jan Van den Velde, page de son livre ''Spieghel Der Schrijfkonste...'' de 1605

Jan Van den Velde, page de son livre ''Spieghel Der Schrijfkonste...'' de 1605

Au début du XVIIème siècle, la calligraphie en Europe connaissait encore des particularismes nationaux qui s'étaient développés principalement vers la fin du moyen-âge, surtout à l'époque gothique.

En effet, si la gothique textura, depuis le XIIIème siècle, s'était imposée à peu près sur toute l'Europe comme la ''grande écriture internationale'', certains pays l'ont adaptée à leur culture, par exemple l'Italie l'a rendue plus ronde (Rotunda), l'Allemagne plus aigüe (Schwabacher puis Fraktur).

A la renaissance, les choses ne se sont pas arrangées puisque les pays ont de nouveau adapté, à leur façon, humanistique et surtout chancelière venues d'Italie.

On a donc à chaque fois un socle commun, gothique ou chancelière, et plus ou moins une adaptation nationale.

 

Les calligraphes du début du XVIIème siècle ont pris acte de cet état de fait et essayé de synthétiser les différentes écritures dans leurs manuels.

C'est tout le but de ce magnifique frontispice, où Van den Velde, au début de son livre sans doute le plus beau, nous promet de tout nous apprendre sur les écritures belges, latines, italiennes, espagnoles, gauloises, anglaises, allemandes, sans oublier les différents types de flamandes.

 

Je m'attacherai seulement aux lettres françaises, italiennes et flamandes. (j'ai classé la Fraktur avec les gothiques).

Mais auparavant, un petit tour d'horizon me semble intéressant.

 

En premier lieu la lettre anglaise dont je ne compte plus reparler ensuite.

Elle dérive de la bâtarde anglaise dont voici un exemple datant de 1415.

 

 

''Adam et Eve'' en anglais

''Adam et Eve'' en anglais

David Harris nous apprend dans son livre ''L'ABC du calligraphe'' que les caractéristiques anglaises résident dans le ''w'' de forme particulière et dans les boucles terminales des ascendantes, très marquées, en ''trompe d'éléphant''.

Au début du XVIIème siècle, ces caractéristiques passent plus inapperçues, particulièrement dans les deux exemples suivant qui, il faut bien le dire ne sont qu'à moitié de mains anglaises.

Le premier est de Jean de Beauchesne, calligraphe parisien (1538-1620), huguenot qui s'est à plusieurs reprises mis à l'abri en Angleterre et qui a donc eu une carrière dans ces deux pays.

Les ''trompes d'éléphant'' ne sont plus qu'un souvenir et le ''w'' n'a rien de bien particulier et n'apparait même pas dans la ligne des minuscules.

 

La Bastarde angloise de Jean de Beauchesne

La Bastarde angloise de Jean de Beauchesne

Le dernier exemple est extrait du livre ''Theatrum Artis Scribendi'' édité en 1594 par Jodocus Hondius, calligraphe flamand né en 1563 et mort en 1612.

Ce livre, outre des travaux de lui-même collige des écritures d'autres calligraphes dont Jean de Beauchesne ainsi que des anglais comme Bales et Martin.

Cet exemple, là encore, quoique de la main de l'anglais M.Martin, ne montre plus les anciennes caractéristiques ou alors sous forme d'évocation.

 

La Bastarde angloise de M.Martin dans le livre ''Theatrum Artis Scribendi'' de J.Hondius

La Bastarde angloise de M.Martin dans le livre ''Theatrum Artis Scribendi'' de J.Hondius

Concernant la lettre espagnole, je n'ai pas connaissance de particularisme ibérique gothique.

Pour moi, la lettre espagnole est une chancelière de très grande qualité mais sans spécificité marquée.

Le premier exemple est de Juan de Yciar  (1522-après 1573) car c'est le premier calligraphe espagnol de renom.

 

''Arte subtilissima'' de Juan de Yciar datant de 1553

''Arte subtilissima'' de Juan de Yciar datant de 1553

En deuxième, un exemple de Francisco Lucas (1540-?)

 

Bastarde de Francisco Lucas

Bastarde de Francisco Lucas

Mon dernier exemple espagnol  sera du célèbre Pedro Diaz Morante né en 1565 qui ne publiera qu'à partir de 1616.

 

''Nueva Arte De Escribir...'' édité en 1624 par Pedro Diaz Morante

''Nueva Arte De Escribir...'' édité en 1624 par Pedro Diaz Morante

L'école de calligraphie espagnole ne s'arrête pas avec Morante mais de grands noms vont se succéder jusqu'au XVIIIème siècle.

Néanmoins il n'y aura jamais de véritable individualité espagnole.

J'appuierai cette affirmation avec ce dernier exemple, non espagnol celui-là, extrait de l'ouvrage ''Gramato-Graphices'' paru en 1605 de Corneille Boissens (1569-1635), calligraphe flamand extraordinaire.

On y remarque que, malgré tout le génie de Boissens, la lettre espagnol reste définitivement sans particularité (hormi sa beauté, ce qui est, en fait, l'essentiel).

 

La lettre espagnole vue par C.Boissens

La lettre espagnole vue par C.Boissens

Les lettres suivantes sont, elles, bien individualisées et vont connaître une longue histoire, souvent jusqu'à nos jours.

De ce fait, elles seront plus développées dans leurs châpitres respectifs.

 

En premier lieu, la lettre allemande que je traite avec les écritures gothiques car elle en est une prolongation directe.

Non influencée par la chancelière, elle subit néanmoins les évolutions de la Renaissance pour donner naissance à la baroque Fraktur.

Comme exemple, une page du ''Mira calligraphiae monumenta'' écrite par G.Bocskay en 1561.

Il ne s'agit pas ici d'une gravure, contrairement à tous les autres exemples, mais bien d'un texte calligraphié sur parchemin (12,4x16,6 cm)

 

Fraktur écrite sur fond sombre, de G.Bocskay

Fraktur écrite sur fond sombre, de G.Bocskay

Autre écriture importante, mais qui, contrairement à la précédente, n'aura pas de descendance : la lettre flamande.

Elle est importante car elle permet aux calligraphes toutes les virtuosités que l'on peut imaginer.

Je crois qu'aucune autre écriture par la suite n'aura cette liberté dans la virtuosité.

Ici je ne donne qu'un petit exemple, celui de la flamande du 1er type selon Van den Velde, celui que l'on donne aux débutants pour commencer à s'exercer.

 

Lettre flamande du 1er type par Jan Van den Velde

Lettre flamande du 1er type par Jan Van den Velde

La lettre italienne est issue de la Cancellaresca moderna.

Même si je n'en parle pas ici, elle ne supprime aucunement ni les autres chancelières ni les lettres humanistiques qui seront traitées par TOUS les calligraphes de quelque origine que ce soit.

Comme exemple, je mets une page de Louis Barbedor (1589-1670), le plus célèbre des calligraphes français du XVIIème siècle.

 

Exemple de lettre italienne par Louis Barbedor

Exemple de lettre italienne par Louis Barbedor

Pour terminer cette introduction, un simple exemple de lettre française.

Il s'agit d'une page du livre ''Le premier essay de la plume'' publié en 1608 par Marie Pavie, une des toutes premières calligraphes, française bien sur.

Premier essay réussi, il va sans dire.

 

Il montre deux lignes de lettre française entre une ligne de lettre italienne et deux de flamande du 2nd type.

L 'encadrement d'arabesques est éminemment français du début XVIIème.

 

''Le premier essay de la plume'' de Marie Pavie

''Le premier essay de la plume'' de Marie Pavie


02/08/2018
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